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Alger la Blanche par Josette Arnau-Paterna

 

 ALGER  LA  BLANCHE                  par

 

Ma ville était comme une reine                  

Blanche et fière, haute et sereine.

Sa robe d’écume frangée

S’étalait dentelle mouvante

Parure d’éternelle fiancée,

D’un ciel unique, de l’air que chante,

Pour elle, la Méditerranée.

 

Son front  n’était ceint que d’étoiles

A faire pâlir tous les diamants,

Dès que la nuit mettait son voile

Et montait du tendre jasmin

Un parfum si doux, qu’au lointain

Il éveillait la lune pâle.

 

Son front n’était ceint que d’étoiles !

N’avait ailleurs nulle rivale,

Les palmiers vers elle penchaient

Murmurant,  tu es sans égale

Le vent du sud vient te bercer.

Son nom, tel un coup de cymbale,

Ranime encore nos cœurs navrés.

 

 

 Elle était lumière et tendresse

Vibrant de toute l’allégresse

D’un monde où rien ne peut changer !

Son souffle était une caresse

Il faisait bon y être né….

Et ceux qui partageaient son âme

Et qui vivaient à nos côtés ?

 

Nous avons enduré le drame

La mort et le sang partagés.

Quand tu nous regardais sereine

 

 

Et ta joie devenue la peine,

Ton front pâli, tes yeux fermés

Afin de ne plus voir la haine

Et la douleur, et la colère

Détruire ta parure fière,

Briser, brûler, assassiner..

 

Et je dus quitter ton rivage

Te voir pour la dernière fois.

Ton front était ceint de nuages

Si lourds que ce n’était plus toi

Je ne voyais plus ton visage

Mes larmes brouillaient ton image

 

Et le bateau fendit la vague

Le bateau chargé de malheur.

Lourde et profonde était la mer.

Pas la mer bleue de notre enfance

Qui enchantait notre univers.

L’étrave déchire, l’étrave avance,

Lourde et profonde était la mer !

 

Et jamais plus, Alger la Blanche

Je ne pourrai te contempler

Te sourire au soleil d’été !

On dit que tu t’appelais France

Quelque part ils se sont trompés…

Tu n’étais devenue qu’un rêve,

Quand les amarres se sont brisées.

 

L’autre France n’avait pas ton âme

L’autre France n’était pas toi.

Où que je sois sur cette terre,

Quand je rencontre « un de là-bas »

Un même sourire nous éclaire.

Je suis né chez toi, oh mon frère !

Et mon pays était le tiens.

 

Josette Paterna