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Ethiopie

L' ETHIOPIE

Éthiopie –“It began in Africa”

 

Il y a quelques 3,2 millions d’années : Lucy de l’espèce Australopithecus Afarensis arpentait
déjà les terres d’Éthiopie sur les bords de la rivière Awash.

Légendaire pays du Pount dont la situation géographique reste incertaine mais dont l’existence est attestée par les témoignages des émissaires de la reine d’Égypte
Hatshepsout qui racontent que le roi indigène avait fait entasser sur le rivage les denrées précieuses : encens, ivoire, or, ébène, myrrhe et esclaves.

Récit obscur et mythe fondateur de la Reine de Saba relaté dans le Livre des Rois. Il devient une légende éthiopienne dans le Kebra Nagast (La Gloire des Rois) rédigé par un moine
orthodoxe :

La reine de Saba apprit la renommée que possédait Salomon et vint lui rendre visite.
Salomon lui proposa de devenir sa femme mais elle refusa. Il lui promit alors de ne pas insister à condition qu’elle s’engage à ne rien dérober dans son palais.
Un soir à l’initiative du roi, un repas très épicé fut servi. La seule cruche d’eau fraîche étant posée à côté de la couche de Salomon, la reine de Saba n’eut d’autre choix que de s’y désaltérer, réveillant Salomon qui s’empressa, le coquin, de lui rappeler sa promesse et lui demanda de partager sa couche.

Au moment de retourner au pays, Salomon lui remit un anneau : « Prends-le afin de ne pas m'oublier et si jamais j'ai une descendance de ton sein que ceci en soit le signe. Si c'est un
garçon laisse-le venir à moi. ».
A son retour, Saba donna naissance à un fils, Menelik. Il se rendit à Jérusalem pour se faire connaitre de son père. Il y déroba l’Arche d’Alliance pour la ramener en Éthiopie. Il fut le premier roi d’Éthiopie et a fondé la dynastie des Salomonides.
Elle s’est éteinte avec le dernier empereur Hailé Sélassié en 1974.

Les Falashas (juifs d’Éthiopie) seraient les descendants des prêtres lévites ayant accompagné Menelik lors du transport de l’Arche. Il n’en reste aujourd’hui que des représentants misérables qui vendent des poteries aux touristes, Israël ayant organisé par l’opération Moise dans les années 1980 leur immigration massive.

Alors, pour nous aussi, 2012, « It began in Africa », point fixe dans un pays sans rivage, sans port, avant que d’aller, sur les traces des esclaves, titiller les Antilles et Panama l’an prochain.
Un souhait de voyage qui remonte à la genèse du Red Sea Project 2008 : on envisageait déjà de descendre jusqu’à Djibouti puis de prendre le train sur la seule ligne de chemin de
fer du pays pour rejoindre Addis Abeba par Dire Dawa, en s’arrêtant à Harrar 4eme ville sainte de l’Islam. Puis une chose en entrainant l’autre et les pirates Somaliens ayant ajouté une composante inhospitalière à cette partie de côte, le projet fut remis à plus tard.
Quelques lectures ont continué à entretenir l’envie : les marins aventuriers, Montfreid, Corto Maltese et Deniau, le poète Rimbaud et l’explorateur la tête dans les étoiles Gouvenain,
enfin le photographe Ruchin pour le rêve dans les montagnes de Bale et les pamphlétaires Hatzfeld et Nega Mezlekia avec le Ventre de la Hyène.
Puis musiques toujours, Gainsbourg d’abord :

Negusa Nagast 

 

"L’homme a créé des Dieux, l’inverse tu rigoles Croire c’est aussi fumeux que la ganja.
Tire sur ton joint pauvre rasta Et inhale tes paraboles…".
Reggae, Rastas et toute la famille.
Et enfin Éthio -Jazz et Dub Colossus.

Une certaine opiniâtreté de l’équipage : « I wanna go to Africa to the black jah rastaman To the black culture (Heaven I, I and I, what you mean?) …»
et des circonstances favorables : l’hiver en France, la saison sèche là-bas et du temps qui soudain se libère
(« sorry madam, sorry sir, no more work for you », le pendant Européen du bien célèbre : « sorry sir, only fried rice tonight »)
nous convainquent de prendre un billet Éthiopian Airlines.

En route…  

Stéphanie – Christophe                                  Février 2012                            

 
                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                              

Arrivée le 7 janvier au petit matin le jour de Noël à Addis Abeba capitale du pays le plus original d’Afrique :

-Un calendrier particulier : l’année commence le 11 septembre, elle comporte 13 mois dont un de 5 à 6 jours en fonction des années bissextiles. Les Éthiopiens ont fêté leur millénaire tous seuls il y a 7 ans, nous y sommes en 2006 (le bon vieux temps où les agences de notations ne confondaient pas leur rating avec l’andouillette 5A).
-Un système horaire spécifique : la première heure coïncide avec le lever du soleil à 7 heures (heureusement, nous ne sommes pas loin de l’équateur), alors les Éthiopiens quand ils s’adressent à vous précisent « our time or your time ».
-Un drapeau dont les 3 couleurs : rouge, jaune, vert sont reconnues comme les couleurs panafricaines et sont repris par beaucoup de pays d’Afrique de l’Ouest car l’Éthiopie est le seul pays Africain à être resté indépendant (malgré les efforts Italiens) alors que l’ensemble du continent était colonisé.
-Six langues principales sont reconnues en Éthiopie, la principale étant l’amharique. On dénombre au total environ 80 langues sur l'ensemble du

territoire. Toutes les langues d'Éthiopie jouissent du même statut depuis l'entrée en vigueur de la constitution de 1994 qui garantit à tous les peuples le droit de développer leur langue et de l'établir comme langue maternelle à l'école primaire. Inutile de préciser que l’anglais ou le français ne sont que balbutiés.
-Les langues sémitiques dans les régions des hauts plateaux, le centre et le nord ont la particularité d'utiliser le système d'écriture ge'ez, L'Éthiopie est, avec l'Érythrée, l'unique pays au monde utilisant ce système d'écriture. Il comprend 182 caractères basiques auxquels il faut ajouter les caractères spéciaux, totalisant plus de 220 signes.

-Une forme originale de Christianisme est pratiquée par les 2/3 de la population, alors que le pays est cerné par des pays à forte dominante musulmane (Soudan à l’Ouest,Érythrée/Djibouti au Nord, Somalie à l’Est). L’église orthodoxe éthiopienne est une institution autonome et indépendante par rapport à l’Église copte depuis 1959.

-Un pays composé de hauts plateaux dont l’altitude moyenne est supérieure à 2000 mètres, la capitale est elle-même située à 2400 mètres et la dépression Danakil en dessous du niveau de la mer. La conséquence est la présence d’un climat, d’une flore et d’une faune Afro-Alpin (il y a même un affreux alpin qui hante les sommets dit-on).

-Maître de la source du Nil bleu, l’Éthiopie englobe également la vallée du Rift qui verra dans des millions d’années l’Afrique coupée en deux et présente aujourd’hui des phénomènes volcaniques uniques tels que les volcans Erta Alé et Dallol.

-Une capitale qui abrite le Siège de l’Union Africaine dont l’impulsion avait été donnée par Mouammar Kadhafi et qui comprend l’intégralité des pays Africains à l’exception du Maroc et de 2 pays suspendus (l’Érythrée et Madagascar).

-Le plus « bel hôtel d’Afrique » : suite à 12 000€ la nuit, est situé à Addis Abeba et servait de centre de congrès à l’UA jusqu’en fin janvier, date d’inauguration du nouveau centre « offert » par la Chine.

-Une nation dont les athlètes sont recordmans olympiques du marathon.

-Un pays sans accès à la mer, puisque l’Érythrée a fait sécession en 1993. Depuis les 2 pays se livrent une guerre sporadique dont les motifs évoqués concernent le tracé de la frontière mais peut être plus surement des jalousies sur le niveau de développement atteint ou fomentée par les rebelles extrémistes du sud de la Corne de l’Afrique.

-Un pays qui fait souvent la une des journaux en raison des vagues de sècheresse et de famine et qui fait l’objet de projets d’aides constants sous des formes diverses.

Ce qui ressort avec persistance est la volonté clairement affichée de préserver cette originalité et ce particularisme, alors que le pays est confronté aux défis communs à l’ensemble des pays du tiers monde avec une virulence accrue du fait de son isolement historique.

Quelques données (indices 2010 à 2011) :
 Population : 90 millions d’habitants – 2eme pays le plus peuplé d’Afrique après le Nigéria
Taux de croissance annuel : 3,2 %
Densité : 73 habitants / km2
PIB / habitant : 350 US $ -rang 169 / 180
Espérance de vie : 56 ans
Indice de fécondité : 6 enfants / femme
Taux de natalité : 43 %
Taux de mortalité : 11 %
Taux d’alphabétisation : 36 %
Indice de développement humain : 0,37 – rang 172 / 182
Age médian : 17 ans et 46 % de la population âgée de moins de 14 ans.

Donc des chiffres qui parlent d’eux-mêmes : un pays submergé par sa population et une réaction spontanée immédiate : Quel sens prend ici la notion de développement ? Par où
peuvent-ils commencer ?
Un royaume secret – Mystères et regards

Lalibela : Jérusalem noire, ville monastique et célèbre pour ses églises monolithes médiévales creusées dans le roc à même le sol. Ces monuments furent érigés au 12eme siècle par le roi Lalibela canonisé par l’église orthodoxe parce que l’accès de Jérusalem était fermé par l’extension de l’Islam. Peut-on mettre cette réaction en relation avec les préoccupations concomitantes des croisés partis libérer la Ville Sainte ?

Il n’existe ailleurs dans le monde aucune construction similaire. Le travail nécessitant une géniale projection dans l’espace commence par le creusement de tranchées qui isolent le bloc dans lequel est taillée l’église.
Puis la taille s’effectue du haut vers le bas. Le bloc dégrossi a fait l’objet de finitions qui fait apparaitre parois, pilastres, corniches et fenêtres. Le percement des fenêtres a permis de pénétrer à l’intérieur du roc et de procéder à la taille des plafonds, coupoles, nefs, croix, piliers, arcs, chapiteaux, marches créant ainsi les formes d’une église basicale.

Les groupes d’églises sont reliés par de nombreux tunnels aujourd’hui fermés. Un seul reste praticable. Il constitue pour les fidèles un véritable parcours de la mort à la vie, des ténèbres
à la lumière, de l’esclavage à la Terre Promise, du péché au salut, qu’ils empruntent en chantant pour accompagner leur renaissance et se donner du courage car la seule consigne est de conserver le mur à main droite sous peine de s’égarer dans les souterrains et bien évidement pas de lumière (même les omni présent portables restent dans les poches -tout ce qu’il faut pour jouer à se faire peur).
La pensée théologique repose sur la Bible et de nombreux livres apocryphes.
Toutes les églises présentent une triple division de l’espace : un déambulatoire où se tiennent les fidèles, un lieu réservé aux prêtres et à la communion et le Saint des Saint où est conservé l’Arche d’Alliance et la Croix de l’église que le prêtre consent parfois à montrer (mais prudence car il ne tient pas à se la faire piquer comme c’est arrivé assez récemment).
Les plus sophistiquées ont trois entrées, droite pour les femmes, gauche pour les hommes, centrale pour les prêtres, pour les plus simples, on se serre.

Selon le précepte issu du livre d’Exode « Ote tes sandales », tous les visiteurs doivent se déchausser. Les offices sont très longs et les officiants s’appuient sur des bâtons de prière.
Les liturgies sont accompagnées de chants, de danses et de musique frappées sur des tambours avec toutes les symboliques imaginables (e.g. 12 petits cailloux à l’intérieur des tambours pour les 12 apôtres)

L’Église éthiopienne enjoint aux fidèles d’observer les règles de jeune les plus strictes. Celui-ci implique pour tous les Chrétiens de ne pas manger tous les mercredis et tous les vendredis ainsi que pendant de longues périodes, soit un total de 180 jours pour les laïcs et 250 jours pour les prêtres. Durant ces périodes un seul repas par jour est autorisé à base de céréales et de légumes uniquement, ceci à mettre en regard d’une disponibilité limitée en protéines animales… contre mauvaise fortune, faisons bon coeur.Enfin le pèlerinage est important, une occasion pour les uns et les autres de rendre visite à la famille et surtout de marcher, les Éthiopiens sont d’infatigables marcheurs qui n’hésitent pas à parcourir des centaines de kilomètres pour se rendre dans des monastères ou au marché et la vie, tout simplement, se déroule pour partie en bord de route ou de piste. Les plus hardis – inconscients - riches n’hésitent pas à prendre le bus qui descend à fond les routes de montagnes (gosh un virage), le haut-parleur tonitruant en rythme (plus près de toi mon Dieu) et, de temps en temps, un tout droit imparable envoie tout ce beau monde (poules, agneaux, grand-mères et enfants) ad-patres.

Plus au Nord à la frontière avec l’Érythrée, au coeur de la région du Tigré le massif de Gueralta abrite une concentration rare d’églises troglodytes.

L’église de Abuna Yemata Guh est taillée dans une aiguille rocheuse, à ses pieds un olivier tricentenaire monte la garde : peu agiles et surchargés pondéreux s’abstenir. L’ascension
délicate ouvre sur une plateforme très en hauteur, une ouverture dans la paroi de l’aiguille, fichtre, les murs de l’église sont couverts de peintures. L’Éthiopie des hauts plateaux est restée préservée de toute influence picturale. Les fresques se distinguent donc par des formes stylisées, une palette de couleurs réduite, une géométrisation des décors et une absence de perspective.
L’expression des regards – les grands yeux -y acquiert une puissance presque hypnotique.
On peut imaginer que le prêtre-peintre se soumettait à des rites de purification par la prière, le jeûne, l’abstinence et le recueillement pour que se rejoignent la religion et la magie et que
l’Esprit habite la peinture.

Riche échange avec le prêtre par l’intermédiaire des guides éberlués-la filiation d’Isaac, l’exclusion d’Adam et Eve du paradis et le pouvoir de méditation de la croix d’Axum ; le divin
se mêle au vernaculaire. On prête des pouvoirs surnaturels à Abuna Yemata qui ressemble peu à peu à Saint Georges terrassant le dragon. Peu importe que le récit soit plausible et les
preuves établies. Pourquoi les mystères sont-ils si dérangeants qu’il faille toujours les élucider ?

Pour rejoindre l’église de Maryam Korkor il faut emprunter un défilé vertigineux. Celle-ci surplombe la vallée de 300 mètres et est constamment survolé par les vautours. C’est la plus
grande du secteur de Gueralta. Le site est habité par des nonnes auxquelles les villageoises apportent la nourriture. Juste à côté, l’église de Daniel Korkor, discussions avec le prêtre,
âgé, il enseigne à 6 disciples, peut être l’un d’eux le remplacera-t-il, son successeur sera désigné le moment venu par le doigt divin et alors il rejoindra l’église. Et toujours de longues
discussions théologiques, nous sommes fils d’Adam, partageons les même livres et pourtant que de différences d’interprétation.

Cush nous avait prévenu « Il y a des choses mystérieuses dans ce pays » au grand dam de Corto Maltese : « Je rêve. Shamael n’a pas d’ombre ! Cush, je préfère changer de rêve. »
Les villes pieuvres
Peu d’impressions favorables sur les villes (Gondar, Mekele, Dessié et Addis Abeba) qui concentrent 17 % de la population. Un seul sentiment flagrant émerge : partir le plus vite possible pour fuir la surpopulation, la pollution, les embouteillages, la misère et l’impression permanente que rien n’est sous contrôle.

En matière d’urbanisme, on perçoit, en négatif, l’absence de colonisation : la place centrale devant le palais du gouverneur, les bâtiments administratifs à proximité, tout ceci n’existe
pas, il n’y a pas de centre mais des zones qui rassemblent les principaux bâtiments dignes d’intérêts et reliées par des routes qui écoulent difficilement des milliards de véhicules dont
des lada d’il y a 50 ans, des trucks de toute provenance, des 4x4 flambants neufs, des voitures officielles blindées, des tuk-tuks Baraj apparenté au virus indien, des minibus
bondés, des ânes, des chameaux.
Des bâtiments jamais finis et jamais droits qui émergent au milieu des maisonnettes en pisé ou tôle ondulée, des malls en verre à moitié garnis au milieu des cahutes de métal où s’exercent tous les petits business imaginables, quelques salles de concerts où les performers se retrouvent coincés entre folklore local, reggae, reprises de variétés internationales et créations originales.
Des lieux peints en rouge et jaune sponsorisés par St Georges le brasseur local et d’où émergent tonitruants les commentaires de la Coupe de la ligue en Angleterre ou de la Coupe
Africaine des Nations. Yes Man ! MAN UN (Manchester United). La présence de troupeaux et l’entassement de peaux de bêtes qui viennent d’être égorgées, ramassées par l’usine de tannerie.
La démonstration d’un écart immense entre les « have » et les « have not », entre ceux qui
fréquentent les night clubs du Hilton et ceux qui vivent au Mercato. Le Mercato, soi-disant le
marché de la ville, en réalité un bidonville en plein centre, où le khat, ces feuilles
euphorisantes que certains broutent, est en vente libre autour de la Grande Mosquée.

Addis Abeba est une ville récente, elle a été fondée en 1892. Il faudrait tout refaire en repensant intégralement l’urbanisation et les infrastructures... Comment cette ville qui recense déjà 4 millions d’habitants pourrait-elle en accueillir d’autres ? Comment peut-elle prétendre aux standards d’équipement, d’hygiène, de confort d’une ville du XXIème siècle aux
prétentions diplomatiques internationales ? Quelles perspectives de développement en termes de santé, d’éducation et d’emploi peut-elle offrir à sa population ? Comment réussira-t-elle à préserver la tolérance qui semble avoir cours entre musulmans et chrétiens alors que les ressources se font plus rares et les pressions plus fortes ?Toutes les personnes rencontrées paraissent avoir une grande confiance dans le gouvernement en place, dans sa capacité à relever les défis et mettre en place les réformes qui s’imposent. Mais l’opposition est présente et pourrait très vite contester les dispositions économiques prises où les positions internationales (Érythrée, émigration, location de terres, attribution d’appels d’offres aux compagnies étrangères…). Par ailleurs, un groupe d’experts de l’ONU vient de condamner l’usage abusif de la loi anti-terroriste utilisée pour restreindre la liberté d’expression dans le pays.
Le bonheur est-il dans le pré ?
Nord d’Addis Abeba

Voyage pédestre dans le parc des montagnes du Simien autour du point culminant d’Éthiopie : le Ras Dashen et par ailleurs le Toit de l’Afrique : le Kilimandjaro ça ne compte
pas, c’est un sommet isolé, tandis que le Ras Dashen, c’est un vrai massif (dixit experts locaux et chauvins !) une bonne dizaine de sommets y dépassent les 4000m.

Au-delà de l’exploit sportif et physique pour nous pauvres marins habitués au niveau de la mer, voire marginalement aux niveaux sous la mer, 4 600 mètres et sa vague d’effets secondaires (mal des montagnes, teneur limitée en oxygène), le plus saisissant n’est pas l’altitude ou la pente, mais le froid. Dès le coucher du soleil jusqu’au petit matin, entre -5°C et
+5°C selon l’altitude, dès le lever du soleil entre 20°C et 25°C, chocs thermiques à répétition, et même de la neige. « Head for the equator », c’est la stratégie conventionnelle que l’on doit
mettre en oeuvre pour éviter les cyclones, manifestement inopérante quand il s’agit simplement de trouver des températures clémentes.

Les hauts plateaux bordant la vallée du Rift offrent des paysages variés et inattendus :

-les falaises du Simien qui abritent les walia ibex, les gypaètes barbus, les babouins geladas et les hypothétiques loups d’Abyssinie -les hyènes sont plus communément entendues dans les montagnes du Tigré,
-les hauts plateaux proprement dits entièrement cultivés ou voués au pastoralisme (le plus grand cheptel d’Afrique) jusqu’au royaume de la lobélie géante et aux champs de cailloux dans les altitudes les plus élevées,
-les grands canyons rouges creusés par des rivières majestueuses telles la Tekeze, un affluent du Nil, dont le cours est ou sera entravé de barrages et où les baobabs offrent un peu de répit à la chaleur.

Une partie raisonnable de ces plateaux a un statut de parc protégé de par la grande quantité d’espèces endémiques que l’on y trouve ce qui ne signifie pas pour autant une faible densité
de population ; malgré les efforts de relocalisation des habitants (auxquels de mauvaises habitations en bordure de ville sont proposées), la pression démographique est si forte que
tout terrain cultivable (même à 3500m d’altitude) est exploité mais avec quelles conséquences ?

Population principalement agraire de 30 millions d’habitants dans les années 1970, 90 millions ces jours-ci, les projections prévoient qu’elle atteigne 150 millions en 2050.

A la prise du pouvoir par les Derg en 1974 (dépose du Ras Tafari – junte militaire – soutien Cuba/URSS) correspond la collectivisation des terres entrainant, même causes produisant
mêmes effets, une baisse de rendement sensible. Quelques années de sécheresse successives au coeur des années 1980, des jeux politiques et l’on retrouve l’origine du drame Éthiopien où la grande famine de 1984 fit un million de morts. Avec l’effondrement du mur de Berlin, le soutien de l’URSS s’effaça, les Derg furent renversés et les nouveaux gouvernements mirent en place une politique de distribution de parcelles aux habitants de sorte que toutes les terres cultivables furent, au fil du temps, allouées aux familles d’agriculteurs, tout au moins sur la partie des hauts plateaux.
Ces terres, irriguées violement pendant les deux mois de saison des pluies (Aout/Septembre quand la mousson de Sud tire les masses équatoriales sur les montagnes du Simien où elles
se vident de leur humidité) ont été exploitées intensivement depuis les années 1990, déforestées pour accroitre leur surface et, bien évidemment, commencent à laisser paraître des signes sensible d’érosion. La terre n’étant pas retenue part avec la pluie et alimente le Nil en alluvions. La prise de conscience de l’ampleur du phénomène d’érosion conduit les agriculteurs à construire restanques, murets et autres mais de l’avis de certains, vingt pour cent de la surface utile a disparu depuis une vingtaine d’années.

Ces terres, pour la plupart situées à flanc de montagne, sont difficiles à exploiter autrement qu’avec des techniques ancestrales : boeufs, araire et travail humain ; les femmes continuent
à extraire l’eau des puits qu’elles transportent par bidon jusqu’à leur maison ; une famille nombreuse est donc un avantage. En parallèle, nos religions du livre à travers leurs instances religieuses (Islam et Chrétiens même combat) ne cessent de murmurer leur mantra expansionniste: « croissez et multipliez-vous », les Nations Unis (et tous les autres organismes d’aide aux plus démunis) mettent en place de nombreux projets d’aide et de développement pour accéder aux ressources de base et nos docteurs faisant des prouesses avec leur techno science parviennent à réduire les niveaux de mortalité infantile.
Tous les ingrédients de la « time bomb » sont en préparation, réduction de la surface arable, appauvrissement du sol, augmentation de la population, d’autant que les options migratoiressont limitées.

L’inquiétude est palpable chez les uns et les autres, que ce soit à travers des prises de positions personnelles (« je ne veux pas me marier/avoir d’enfant ») ou bien par les demandes d’information en matière de contrôle de naissance : la plupart des individus rencontrés, indépendamment des recommandations des églises, expriment leur soutien aux politiques gouvernementales relatives à la contraception, sur ce dernier point cependant, le‘comment’ prime sur le ‘quoi’. En effet, le faible niveau d’éducation et les habitudes d’hygiène conduisant à exclure les mécanismes conventionnels (genre pilule journalière/hebdomadaire, préservatifs), les implants ne sont pas encore disponibles localement en quantité importantes, les politiques gouvernementales reposent principalement sur l’injection massives d’hormones (oestrogènes & co) en une fois ce pour une durée approximative de 6 mois. Il n’est guère surprenant que des effets secondaires (céphalées, prise de poids) importants soient ressentis mettant en cause le bien-fondé des méthodes utilisées. Il n’est que de mettre en regard nos pilules « faiblement dosées » avec un large choix d’hormones et une recherche du cocktail adapté à chaque individu avec les moyens « industriels » mis en oeuvre pour mesurer la distance qui sépare ces deux mondes. En l’absence de renouvellement d’injection tous les six mois, la machine à bébé se remet en route (fort heureusement) mais oh triste ironie, avec une fréquence important de double ovocytes, et donc des jumeaux… marginalement contreproductif.


Et cette question lancinante « et si j’étais ministre ? » : je construis une école ce matin, elle est déjà pleine cet après-midi, dès demain, je dois mettre en place un système d’alternance… Tous (un grande nombre tout au moins) les jeunes sont scolarisés, pour beaucoup 2 heures de marche aller, 2 heures de marche retour, soit le matin, soit l’aprèsmidi, tous ont un minimum de livre/cahier dans lesquels on retrouve le minimum de connaissance à acquérir : langue, mots d’anglais, éléments d’histoire, règles d’hygiène (et contraception), monde moderne,organisation politique et administrative etc.…jeunes, adultes, tous perçoivent l’enjeu, tous acceptent que le monde meilleur auxquels ils aspirent ne passe que par l’accès à la connaissance, que la maîtrise de son destin résulte de sa capacité à comprendre son environnement, comment les encourager sans mentir, ne pas parler de nos propres bacs+12 laminés et rejetés par nos chers retraités.

Et toujours cette question lancinante « et si j’étais ministre ? » : je fais sortir de sa boîte la fée électricité (d’autant que comme les gens regarderont la TV, ils feront moins de gamins, hi, hi). Un énorme potentiel hydro-électrique existe, de nombreux affluents du Nil ne demandent qu’à pousser leur kilowatts ; proprement canalisés par de jolis barrages parfois positionnés en zone sismique (made in China et/ou Italia, à voir les termes et conditions des deals) cela permet la mise en place de réseaux d’irrigation. Les pays voisins (Égypte/Soudan) voient d’un mauvais oeil cette ponction en amont de « leur » ressource hydrique. Pour l’instant marginaux par l’ampleur et la taille des réalisations (sans compter celles qui s’effondrent), les projets dans les cartons sont susceptibles de créer une situation étendue : le traité de 1929 (initié par nos cousins Grand Bretons), amendé en 1959, accordait à l’Egypte et au Soudan 90% des eaux du Nil, il a été remis en question en 2010 par l’Ethiopie, le Kenya, l’Ouganda, le Burundi et la Tanzanie... En conséquence, l’Egypte redoute des pénuries en eau à partir de 2017… cela va être intéressant.

Sud d’Addis Abeba

Il ne s’agit plus ici de région avec une identité culturelle forte comme la partie Danakil (anciennement Afar), Somalie, Tigré ou bien Amharique mais bien plutôt d’un assemblage hétéroclite de terres peuplées par une grande diversité de tribus qui ont leur propre culture, langue, types etc… Il est fait administrativement référence à ce grand Sud qui borde Soudan du Sud et Kenya sous l’appellation savoureuse de « Région des nations, nationalités et peuples du Sud », comme quoi, même ailleurs, celui du Sud n’est jamais trop bien considéré. Ceci étant, les terres y sont bien plus riches et irriguées que dans le Nord, dotées d’une population peu éduquée (ancien réservoir d’esclaves), ce qui permet d’envisager la mise en culture efficace •
l’Inde et l’Arabie Saoudite ne s’y sont pas trompées qui louent à l’année des terres au gouvernement (1Euro/hectare/an yes !!) les mettent en exploitation bénéficiant d’une main d’oeuvre locale encadrée par leurs propres contremaîtres et…exportent la production. Le riz consommé en Arabie Saoudite est ainsi produit en Éthiopie,laquelle bénéficie de programmes d’aide alimentaire dont certains sont financés par l’Arabie Saoudite, cherchez l’erreur. Et toujours cette question lancinante « et si j’étais ministre ?»:
pourrais-je lutter?

Beat génération
Pour comprendre comment vit ce pays, une suggestion, prendre la route, ils y sont tous : hommes, femmes, prêtres errants, contremaitres chinois, musulmans, collégiens, chameaux,
Sinotrucks, moutons même sur le toit des minibus, mules, buffles, chèvres, pèlerins, tuks tuks…

Il est recommandé de circuler en 4x4 car en attendant que les Chinois finissent de construire, élargir, bitumer…, il s’agit le plus souvent de pistes. Le réseau routier reste très
rudimentaire. La route # 1 qui relie Asmara en Érythrée à Addis Abeba n’est qu’une départementale de montagne qui emprunte des cols dont l’altitude est supérieure à 3000
mètres régulièrement noyés dans le brouillard.

C’est par contre l’occasion de traverser à petite vitesse des carrefours encombrés de doubles remorques poussiéreux et dont les chauffeurs sont occupés à harnacher d’énormes
chargements. On nous dit qu’il s’agit de cannes à sucre destinées à fabriquer du bio-carburant et que la filière impose le transit par le Soudan. Nous sommes sur la # 3 : au Sud
Addis Abeba, à l’Ouest : Gallabat, poste frontière. Idem à Woldia sur la # 1, le tronçon de piste vers l’Est est contrôlé par des militaires : c’est la route directe pour Djibouti. Et si les
grandes caravanes de sel ne livrent plus aux marchés des villes, les chameaux sont présents sur toute la partie parallèle au désert Danakil.
C’est arrivé près de chez vous
Les relations de l’Éthiopie avec ses voisins peuvent être très cordiales ou très mauvaises. 
L'Ethiopie entretient de bons rapports avec le Soudan et Djibouti pour des raisons commerciales et avec le Kenya pour des raisons géopolitiques. L’amélioration des relations avec le Soudan date des discussions récentes concernant l’approvisionnement en pétrole car en attendant que les concessions d’exploration accordées aux compagnies étrangères produisent,
l’Éthiopie appartient aux pays non producteurs. Les rapports cordiaux avec Djibouti sont liés à l’accès à la mer, car le port constitue l’unique point d’approvisionnement maritime des produits d’importation ou d’exportation. Les relations avec le Kenya sont pilotées par l’intérêt commun de lutter contre la menace Somalie.

Les relations entre les 2 pays se sont grandement détériorées depuis la guerre de l’Ogaden entre 1977 et 1979 au cours de laquelle la Somalie armée par l’URSS entend profiter de la
faiblesse de l’Éthiopie pour constituer la « Grande Somalie ». A noter à cette occasion, le rôle peu clair de l’URSS qui a soutenu la Somalie, puis l’Éthiopie ! Depuis 2006, l’Éthiopie
appuie les États-Unis dans la lutte contre le terrorisme qu’ils mènent dans la région et intervient également pour se protéger des attaques de mouvements islamistes violents. A l’automne 2011, suite à un attentat à Nairobi revendiqué par « Harakat Al-Shabaab al Mujahideen » – Al Shabaab en bref ou bien Tribunaux Islamiques – qui a de forts liens avec Al-Qaida, le Kenya envoie des troupes en Somalie dans une offensive coordonnée des armées kenyane et somalienne du gouvernement fédéral de transition. Le 19 et 20 novembre 2011, quelques troupes Éthiopiennes pénètrent en territoire somalien pour des missions de reconnaissance.

Les relations avec l’Érythrée sont passionnelles. C’est la colonisation italienne qui fait émerger l’Érythrée en tant que nation alors que le royaume d’Axoum réunissait l’intégralité des terres tigréennes aujourd’hui partagées entre l’Éthiopie et l’Érythrée. En 1952, l’ONU rattache l’Érythrée à l’Éthiopie pour la remercier de son combat contre le fascisme. En 1976, le Front de Libération de l’Érythrée et le Front de Libération du Tigré s’allient pour renverser la junte militaire. En 1991, les rebelles entrent à Addis Abeba conduits par leurs chefs : Meles Zenawi et Issays Afeworki qui sont aujourd’hui encore premier ministre et président des 2 pays. En 1993, l’indépendance est accordée à l’Érythrée. La guerre démarre en 1998 sur un différend portant sur le tracé de la frontière et fait plus de 80 000 victimes. Celui-ci n’est toujours pas normalisé en 2012. Les prétextes de déstabilisation sont à rechercher au-delà des querelles de frontières. En effet la situation est déséquilibrée : il y a 90 millions d’habitants en Éthiopie et 6 millions en Érythrée où le développement économique est entravé par la guerre et les dérives totalitaires de son président. Alors pourquoi ne pas penser que l’Érythrée soutient les groupes hostiles à l’Éthiopie comme les Tribunaux islamiques de Somalie ou les rebelles Afars ? Ou inversement ?
C’est en tout cas l’hypothèse que nous avons envisagée quand nous avons appris le 18 janvier alors que nous étions dans le Tigré à une centaine de kilomètre de la frontière avec l’Érythrée, que 5 touristes avaient été tués et 2 autres enlevés lors d’une attaque sur le volcan Erta Alé. Ils seraient aujourd’hui encore détenus par le mouvement Arduf (Front Uni Révolutionnaire Démocratique Afar) qui accuse Addis Abeba d’empêcher leur libération en entretenant un climat de violence dans la région. Lors des évènements sur place, il nous a été impossible d’obtenir des informations. On nous a parlé de l’Érythrée, de l’opposition hostile au gouvernement et la coupure de toute communication téléphonique pendant 2 jours n’était liée qu’aux piètres performances du réseau saturé en ces jours fériés !
Il n’est que de relire Monfreid ou Rimbaud pour retrouver l’appétence du Négus pour les armes lui permettant de tenir à distance les puissances coloniales, une bonne couche de pouvoir totalitaire soutenu par l’URSS, des guères de libération et/ou d’indépendance plus tard, rien de surprenant aujourd’hui à se trouver en présence de Kalachnikov (AK47 de son petit nom) à tous les coins de piste. Il est vrai que son prix au marché noir fait rêver (300$ en moyenne mais jusqu’à 2000$ en Syrie par les temps qui courent), que la proximité du Yémen, de l’Érythrée et de la Somalie permet de s’approvisionner en cartouches facilement.
Gracieusement fournies par le gouvernement à ses milices ou bien passant de main en main, la Kalach, symbole de calme, de pondération et de mesure, représente parfois un revenu annexe non négligeable sous sa forme assurance contre imprévus.Made in People Republic of China

L’intégralité du réseau téléphonique est opérée par Ethio-telecom, société d’État en « partenariat exclusif après appel d’offres» avec ZTE, opérateur chinois qui assure l’équipement des infrastructures et opère l’ensemble des solutions. Le nombre de SIM cards est estimé à 12 millions. Il était de 4 millions en 2007. La mise à disposition de ces moyens technologiques accélère le développement, mais : pourquoi les Chinois ? Comment ? Et en échange de quoi ? Avec des investissements de 150 milliards de $ ils se paient l’Afrique, le même montant que l’UE envisage d’effacer de la dette grecque ?
En Ethiopie, la République Populaire de Chine est le plus gros partenaire commercial et une source majeure d’investissement étranger. On les trouve sur tous les gros coups, car ici pas de petits commerces tenus par des chinois. On double des camions et des engins de chantier énormes. On passe des contremaitres en bleu de travail et chapeau pointu qui encadrent des ouvriers éthiopiens à la construction de barrages, de routes, de bâtiments, d’infrastructures électriques… On aperçoit les baraquements entourés de fils barbelés qu’ils rejoignent le soir et qu’ils abandonnent sitôt le projet terminé.
Le modèle à l’oeuvre doit être différent du nôtre :
-comment recycler nos vieux camions et scrapers, des sociétés spécialisées s’en chargent moyennant finances (cf le Clémenceau) – les Sinotrucks à l’oeuvre depuis 40ans en Mandchourie sont chargés sur un transport maritime, déchargés à Djibouti, et vont encore rendre 20 ans de bons et loyaux services.
-que faire de nos chers ingénieurs, packages d’expatriés, aller/retour sur Paris tous les quinze jours ou bien une formation supérieure avant de trouver un emploi moins exposé –
« Mr WeiHun, vous êtes nommé responsable du chantier de la route #4 pour les trois prochaines années, dès demain. Oui, c’est en Afrique et alors ?»

Manifestement, l’Éthiopie n’a pas l’image d’un pays miné par la famine et accro aux aides que continue à lui donner les pays d’occident, mais celui d’un marché potentiel de 90 millions de consommateurs permettant un débouché aux produits chinois. Alors les contrats et les partenariats de « coopération active » se multiplient avec des formes de crédit « mutul benefit loan » ou « hu hui dai kuan ». On peut tout imaginer : prêts à taux limité voire à taux zéro, remboursements sur 20 ans par les promesses d’exportations à développer, remises de dettes, échanges… Il est clair que ces interventions ne se font pas au détriment des intérêts chinois et bénéficient aux éthiopiens…Dans tous les cas, ça alimente les légendes :
« Que fait un chinois quand un âne traverse la route devant sa voiture ? Il fonce, ramasse l’âne puis le mange. »
Il y a un avion par jour qui fait l’aller-retour avec Zhangzhou, d’autres sur Shanghai, Beijing etc…et c’était la première fois que nous voyions un duty free entièrement pourvu de bière et
de cigarettes chinoises.

Recherche désespérément employé de maison

A Bole International Airport, il y aussi un vol par jour pour Jeddah. Les passagers sont de très jeunes filles musulmanes sans aucun bagage, qui viennent d’obtenir un visa de travail
de 3 mois délivré par l’Arabie Saoudite, le gouvernement Éthiopien fournissant le passeport.
Quelques questions posées au personnel de l’aéroport permettent d’apprendre que ce sujet fait déjà polémique. Faisant suite à de mauvais traitements infligés à leur ressortissantes
employées de maison (principalement rapportées au courant de l’été 2011), les Philippines et l’Indonésie ont exigé de l’Arabie Saoudite une amélioration des conditions de travail ainsi
que des augmentations de salaires « substantielles » (300$/mois) ; ni une, ni deux, l’Arabie Saoudite a renvoyé tout ce joli monde en Mer de Chine et s’est tournée vers ses voisins plus
accommodants : le gouvernement Éthiopien a donné son aval pour l’envoi de 50 000 ressortissantes moyennant 150$/mois (versés à la famille) plus une carte SIM. C’est bien évidemment une possibilité de faire rentrer des devises, de diminuer même de façon marginale la population à nourrir, et d’entretenir les bonnes relations avec un pays ‘ami’.

Pourtant, l’esclavage a été aboli par Hailé Sélassié à la Société des Nations en 1926. Hailé
Sélassié ou Ras Tafari Mekonnen considéré par les rastas comme Jah qui mènera la
diaspora et les peuples africains vers la libération de leurs souffrances et la terre promise,
l’Éthiopie. Il n’a jamais reconnu le culte envers sa personne, bien qu’il ait montré sa
reconnaissance envers les rastas en effectuant des donations de terre et effectué un voyage
en Jamaïque en 1966. Des éléments de son discours sont repris par Bob Marley dans la
chanson War, se faisant ambassadeur de ce mouvement qui mêle mysticisme et philosophie
de vie. Aujourd’hui, en Éthiopie, les rastas sont considérés avec suspicion et nous n’en
avons que peu rencontré.

Habesha un jour, habesha toujours

A toi qui partira sur la route, à toi qui viens de loin, merci d’avoir lu ces quelques lignes qui,
nous l’espérons, confortent tes illusions, challengent tes opinions. L’Éthiopie est une terre

merveilleuse, le sourire y est roi. Une importante communauté expatriée existe de par le
monde; sache qu’au sein de cette diaspora, tous, non sans fierté, tendent à gommer les
différences d’origines, tribales, de langue, de culture, de religion en se présentant ou s’autoréférençant
comme « Habesha »…

Bonne chance.

Pour finir sur une vanne locale : qu’est-ce qu’un DJ ?

Un jeune Éthiopien émigré aux États-Unis qui scratche

les assiettes dans la cuisine d’un restaurant !